Mardi dernier, après son tête-à-tête d’une durée remarquée avec le pape François, et la cérémonie de prise de possession de son titre de premier chanoine d’honneur du Latran, Emmanuel Macron a tenu un discours devant la communauté ecclésiale française de Rome. Le président s’est volontairement écarté du discours qui lui avait été préparé et c’est donc « à l’improvisade » qu’il a composé sa ballade : sur la laïcité, la relation de la République Française et de l’Eglise, sur la France et le Vatican.Lire la suite
Le groupe de recherche Practicies (Partenariat contre la radicalisation violente dans les villes) a mené une enquête en ligne dans 12 pays européens :
Ils adhèrent à ce qui nous semble à nous des valeurs conservatrices : beaucoup pensent que « les jeunes ne respectent pas suffisamment les valeurs traditionnelles », et notamment les valeurs religieuses ; plus de la moitié sont d’avis que la peine de mort est « la peine la plus appropriée » pour sanctionner « certains crimes » et près de la moitié que « le droit à l’avortement devrait être limité ».
Xavier Patier nous dresse un petit panorama des liens entre l’Église et la France :
Cela fera bien des sujets de conversation entre le nouveau chanoine de Saint-Jean-de-Latran et le souverain pontife. Il en sortira l’espérance, car la France et l’Église du Christ n’ont pas fini leur histoire commune.
On n’en finit pas, depuis ce lundi, de décrypter le discours d’Emmanuel Macron aux Bernardins. Dans Libération, Guillaume Cuchet, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Est Créteil, voit dans ce discours une « main tendue » à l’électorat catholique, ou en tous cas à la partie de l’électorat catholique la plus Macron-compatible. Mais quelle est l' »effectivité », pour reprendre un terme cher au président, de cet église dans un contexte de montée en puissance du « Mai 68 conservateur » mis en lumière par le politologue Gaël Brustier ?
A plus long terme, il s’agit sans doute de faire entrer dans la coalition électorale de la République en marche une partie du vote catholique, notamment ce qu’il reste du vote démocrate-chrétien ou de ses avatars qui avait profité à Bayrou dans ses campagnes présidentielles et à Macron lui-même lors de son élection dans certaines régions comme la Bretagne. D’où le renvoi dos à dos de la droite censée «instrumentaliser» le vote catholique et de la gauche qui le «marginalise»
Et au 8e jour Dieu créa le Var,
Une terre agricole où est élevé le vin Rosé,
Une terre bénie où poussent les plus belles fleurs,
Une terre où les hommes travaillent à rendre tout meilleur.
C’est le slogan du département du Var au Salon de l’Agriculture… Belle laïcité !
Dans l’indifférence générale, regrettable pour ne pas dire suspecte, l’Assemblée Nationale a interdit les tongs et les signes religieux ostensibles en son sein. Erwan Le Morhedec – également contributeur au Samaritain – revient pour La Vie sur cette réforme, qui lui paraît anticonstitutionnelle en ce qu’elle viole une liberté fondamentale.Lire la suite
Mgr Michel Aupetit livre l’un de ses premiers entretiens de nouvel archevêque de Paris au Monde. Il évoque son parcours de foi, son activité de médecin et ce que cela lui a appris (notamment d’accueillir et de s’occuper de chacun sans distinction), l’insécurité culturelle ressentie aujourd’hui en France et la communautarisation, la laïcité.
Il conclut sur l' »enseignement du fait religieux », interrogé sur le rôle que « vous »- Mgr Michel Aupetit ou l’Eglise ? – « pouvez avoir ».Lire la suite
Nous avions parlé des voeux en demi-teinte d’Emmanuel Macron aux représentants des cultes. Voici tout de même un passage intéressant :
2018 sera, à cet égard, inscrite sous le signe de la réconciliation et du dialogue. Ainsi nous fêterons cette année le 70ème anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’homme, de l’Organisation des Nations Unies et vous célébrerez aussi le même anniversaire de la création du Conseil œcuménique des Eglises, prélude du rapprochement des confessions chrétiennes et la naissance de l’Amitié judéo-chrétienne de France, après le cataclysme de la Shoah.
Et cette année 1948, ce fut aussi celle de la mort du père Franz STOCK qui fit tant pour le rapprochement entre Français et Allemands, comme celle de l’élection du patriarche de Constantinople, Athénagoras, initiateur d’un processus de réconciliation entre catholiques et orthodoxes.
Tous les échos de 2018 seront ceux de la réconciliation et ils nous conduiront à éclairer le travail qui sera le nôtre, indispensable durant l’année qui vient.
Puisse cette année servir réellement à la réconciliation !
Les principaux représentants des cultes catholique, orthodoxe, protestant, juif, musulman, et bouddhiste de France, étaient présents lors des vœux qui leurs étaient adressés par Emmanuel Macron ce jeudi 4 janvier, et dont Radio Vatican rapporte la teneur.
Des vœux en demie-teinte, entre affirmation du rôle des cultes dans les débats de bioéthique et rappel de l’autorité du gouvernement, proclamé légitime pour conduire l’adaptation des lois aux évolutions de société. Parmi les phrases les plus ambiguës de cet échange, annonciatrice des réformes à venir, on retiendra celle-ci, modèle de discours allusif et conciliant jusqu’au non-sens :
«J’aurai à cœur que notre société puisse s’adapter aux évolutions qui sont en cours, que la loi puisse refléter celles-ci dans le cadre de ce qui est son esprit constant et que nous puissions aussi tout en accompagnant les évolutions technologiques, leur donner un cadre éthique indispensable»
On a davantage l’habitude de le lire sous des plumes catholiques, chargées de rappeler que la laïcité ne doit pas être détournée de son objet, pour restreindre la libre-expression des religions. Il est heureux que cela soit dit par le Président – et pas malvenu que cela soit repris par l’Observatoire de la Laïcité.
Le Président de la République @EmmanuelMacron à l’occasion de son échange avec les représentants des cultes en France le 21 décembre : « C’est la République qui est laïque, pas la société ».
C’est que révèle l’enquête menée par CoExister, association de jeunes militant pour une « coexistence active », « savoir-être essentiel qui demande à chaque individu de ne faire l’économie ni de son identité, ni de son ouverture aux autres », et pour un dialogue apaisé entre religions. La journal La Vie y revient :
Prenez un groupe de 20 à 90 collégiens ou lycéens (BTS inclus) et demandez-leur les trois premiers mots qui leur viennent immédiatement à l’esprit pour chacune des quatre principales croyances (ou convictions) : christianisme, islam, judaïsme et athéisme (ou agnosticisme). Ils auront au préalable entouré la conviction dont ils se sentent le plus proche. Tel est l’exercice organisé par l’association Coexister, qui milite depuis 2009 pour la « coexistence active » des religions, au début de chaque atelier de sensibilisation qu’elle a mené depuis 2 ans auprès d’établissements scolaires (dont 60% privés) ou d’associations dans le but de « déconstruire les préjugés ». […] Premier enseignement : « des mots spontanés relativement exacts et bienveillants ».
L’instance de dialogue entre le gouvernement et l’Église catholique s’est réunie ce mardi 12 décembre à Matignon, comme le rapporte La Croix. Au programme, différents points techniques relatifs à des réformes engagées en 2017, et qui ont un impact sur la vie de l’Église : diplômes requis pour les aumôniers de prison, effet des futures réformes fiscales sur les dons et legs, … Surtout, la CEF a souhaité engagé un dialogue sur des questions plus politique, en droite ligne de la récente assemblée plénière à Lourdes.
« En raison de la cérémonie d’hommage national à Jean d’Ormesson, vendredi 8 décembre, Emmanuel Macron a repoussé de quelques jours sa rencontre avec les cultes. », explique la Croix.
Une affaire à suivre, néanmoins, car la rencontre était porteuse de grands enjeux, à en croire la feuille de route adressée par le Président en septembre à Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur en charge de cultes. Lire la suite
Eh oui, la laïcité triomphante n’empêche le gouvernement français d’évoquer saint Nicolas. L’apparemment est savoureux, et la pageréjouissante !
« Après plusieurs décennies, la société chrétienne trouva plus approprié que cette fête des enfants soit davantage rapprochée de celle de l’Enfant Jésus. Ainsi, dans les familles chrétiennes, saint Nicolas fit désormais sa tournée la nuit du 24 décembre ».
A l’approche de l’élection pour la présidence des Républicains, la passion de Laurent Wauquiez pour l’artisanat santonnier ne faiblit pas. L’installation, en 2016, d’une crèche au siège de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ayant été jugée illégale par le tribunal administratif de Lyon en octobre dernier, le candidat à la présidence des Républicains a choisi, cette année, de rendre hommage au savoir-faire des santonniers de la Région en exposant pas moins de 8 crèches dans le hall du centre administratif.Lire la suite
« En 2015, les communes du Calvados de La Chapelle-Yvon, Saint-Cyr-du-Ronceray, Saint-Julien-de-Mailloc, Saint-Pierre-de-Mailloc sont devenues une unique commune sous le nom de… Valorbiquet !
Cela pose le problème du « gel » du catholicisme et de ses symboles en France. Non seulement la dimension historique du catholicisme est constitutive de sa réalité, mais son histoire ne s’est pas arrêtée en 1905. Si la laïcité est compatible avec l’histoire, elle doit reconnaître que la symbolique religieuse vit elle aussi ».
En droit, rien à redire : le Conseil d’État est habilité à demander à la mairie de Ploërmel de supprimer la croix qui accompagne la statue de Jean-Paul II sur une place publique. En droit, certes. Mais dans la réalité, on ne peut que déplorer une décision stupide, et surtout dangereusement contre-productive.
De fait, le juge du Conseil d’État a tout simplement appliqué mécaniquement la loi de 1905, et son fameux article 28, qui « interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions ». Si l’on s’en tient à une lecture littérale, le Conseil d’État a raison. La croix est bien un signe ou un emblème religieux. Et il s’agit d’une place de village, donc d’un lieu public.
Sauf qu’en l’espèce, appliquer à la lettre la loi de 1905 conduit à une situation dont on ne comprend pas comment l’absurdité a pu échapper aux sages du Palais Royal. La statue de Jean-Paul II, peut rester, rien de religieux là-dedans, assurent-ils (sic). L’arche qui la surplombe aussi, ce qui est faire peu de cas de l’Arche d’alliance, symbole religieux s’il en est. La croix, elle non. Bien qu’elle ne soit là que pour qualifier la statue du pape. Mais qu’aurait fait le Conseil d’État si la croix était au cou de la statue du pape ? Il aurait exigé qu’on lui coupe la tête ? ! ! !
[…] Cette conception si étriquée de la loi de 1905 est tout sauf une publicité pour la laïcité. Elle donne de l’eau au moulin de certains courants qui abritent leur revendication identitaire derrière une défense d’un christianisme patrimonial. […] Le Conseil d’État ne fait qu’exacerber les tensions d’une société déjà fragile.
Un certain esprit polémique français et une habitude catholique chagrine risquent de nous faire passer à côté de l’événement : le discours prononcé par Emmanuel Macron lors de l’hommage au Père Hamel évoquait une forme de connaturalité de la France, sa république, et du christianisme, marquant un changement radical de ton.
A l’occasion de la sortie de son ouvrage, Brève apologie pour un moment catholique, Jean-Luc Marion, philosophe, académicien, répond aux questions du Monde des Livres. Parmi les réponses apportées, on peut retenir celle-ci :
Pour revenir à l’actualité, n’avez-vous pas le sentiment que le « moment catholique » de l’élection présidentielle a été raté avec l’échec de la candidature d’un François Fillon ?
Mon livre se veut plutôt un appel aux catholiques à accepter un examen de conscience sur le ratage qu’ont constitué deux alliances politiques, l’une à droite et l’autre à gauche. Il serait temps qu’ils renoncent à l’une comme à l’autre. En un sens, ma démarche va contre ce que certains catholiques ont cru lire dans la candidature de François Fillon.
Il faut éviter toute confusion entre identité politique et confessionnelle, non seulement parce qu’elle est vouée à l’échec, mais aussi parce qu’elle est contradictoire avec la théologie chrétienne de l’histoire. Lire la suite
Parmi les péripéties révélatrices de l’analphabétisme religieux de l’Education Nationale, entre autres secteurs de nos sociétés (des responsables de la lutte contre la radicalisation, selon Mgr Justin Welby, jusqu’aux études de journalisme) et sans nous attarder sur la conception dévoyée de la laïcité dont témoigne cette procédure, relevons cette perle :
Mais on nous a accusé de tout et son contraire. Par exemple, on a reproché à mon client d’avoir fait étudier l’épisode de la femme adultère, sous prétexte que c’est un texte misogyne, parce que c’est à une femme qu’on reprochait l’adultère…
Outre le fait que Jésus y réprimandait exclusivement des hommes – dans une société qui, elle, comme d’autres, pouvaient encourir le soupçon de misogynie – faut-il suggérer à l’Education Nationale, qu’à ce compte les évangiles seraient surtout frappés de misandrie ?
Car, de vous à moi, entre Jésus et les deux larrons, ce ne sont que des hommes qui finissent en croix ! Est-ce que c’est vraiment bien tout normal des fois, dites-moi ?
« Un festival… » C’est comme cela que La Vie décrit le point de vue de Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les hommes et les femmes, sur la laïcité et le féminisme.
« La question de la laïcité et du féminisme sont liés intrinsèquement dans la mesure où la lutte contre les radicalités religieuses et extrémistes religieux sont des luttes pour défendre le droit des femmes. »
« Les religieux savent parfaitement bien s’unir entre eux et s’entendre pour défendre un certain nombre de choses qui construisent l’oppression des femmes et qui construisent le contrôle de la religion, du fait religieux et des doctrines religieuses sur le corps des femmes. »
« Sur la question de l’IVG, on oppose au droit des femmes le pseudo « droit à la vie » et on voit que toutes les religions monothéistes connues en France s’unissent et se mettent d’accord sous un pseudo « vivre ensemble » bienveillant, s’unissent pour contrer le droit des femmes et pour avoir de l’influence sur le modèle de ce qui se fait depuis des siècles avec la Doctrine sociale de l’Église. »
« Surprenante polémique dans la ville de Bourgoin-Jallieu (Isère). Pour répondre à l’augmentation du nombre d’électeurs dans cette ville, la mairie a décidé d’installer trois bureaux de vote pour les élections présidentielles dans le gymnase d’un collège privé catholique. Il n’en fallait pas plus pour susciter le courroux du Comité 1905 Auvergne Rhône-Alpes.
Dans une lettre datée du 21 mars, le Comité 1905 interpelle le maire de Bourgoin-Jallieu au sujet de ce bureau de vote. ‘Notre République laïque n’a-t-elle pas suffisamment de locaux pour devoir utiliser des locaux confessionnels ?’, interroge l’association. ‘Demander à des athées ou des agnostiques, à des croyants d’autres religions (…) de se rendre dans un établissement catholique pour aller voter, est-ce une image acceptable de nos institutions ?' ».
Quelles réponses à la montée des fondamentalismes en France et dans le monde ? Quelles évolutions prévoir du rapport État, religions et laïcité en France ?
Comprendre les origines des fondamentalismes qu’ils soient religieux, idéologiques ou technologiques ;
proposer des solutions durables à la double crise de la modernité et de la radicalisation ;
restaurer les conditions qui permettront de placer les progrès de la connaissance au service d’une humanité digne.
Encore un article qui s’emploie à analyser la place de l’électorat catholique dans la présidentielle.
Alain Duhamel livre dans une chronique politique publiée dans Libération hier son analyse sur le fameux «je suis gaulliste et, de surcroît, je suis chrétien» de François Fillon, qui n’a pas fini de faire couler de l’encre. La première partie est intéressante, rappelant que l’argument de « séparation entre politique et religion » est un faux argument. Il est dommage que la seconde résume la question identitaire au seul vote FN, sans analyser davantage les évolutions de l’électorat de droite, la droitisation de la vie politique française, la connexion croissance entre questions identitaires et questions religieuses. Preuve que le FN polarise toujours les commentateurs de la vie politique française, plus encore que le seul jeu politique.
Un article qui peut néanmoins être salué dans la mesure où il part du point de vue des catholiques :
« C’est, en réalité, plus gênant pour l’Eglise catholique que pour la République laïque, car l’objectif de François Fillon n’est en rien de remettre en cause la loi de 1905 mais est, en revanche, très clairement de disputer l’électorat catholique traditionaliste au FN. »
« Au cours la matinale d’Europe 1 du mardi 10 janvier, Raphaël Enthoven nous donnait sa morale de l’info : ‘L’agnosticisme, c’est le credo de la laïcité’. Enthoven rebondit ainsi sur une profession de foi agnostique d’Arnaud de Montebourg. Puisqu’il a été mon élève (Raphaël, pas Arnaud), et que je ne le renie pas, je me sens un peu responsable de ses propos. Conscient des contraintes et des raccourcis qu’impose une prise de parole radiophonique, je proposerai à l’ancien élève, en guise de correction fraternelle, un amical corrigé ».
C’est en substance le message que délivre Maxime Tandonnet dans une tribune parue au FigaroVox. Depuis plusieurs années, ce « temps de Noël », appelé à être un temps de paix est transformé en terrain de confrontation entre laïcistes et identitaires. Il est temps de dire : ça suffit ! #LaissezNousVivreNoël
Depuis quelques années, la fête de Noël se voit prise en otage des passions idéologiques française, au grand dam des croyants et même des incroyants de culture chrétienne, attachés aux traditions. En France, deux formes de fanatismes se trouvent face à face et se nourrissent l’un l’autre. D’une part les laïcistes, que toute expression chrétienne dans un espace public indispose. Ceux-là ont fait de la lutte contre la crèche de Noël, par le biais de plaintes en justice, leur nouveau fonds de commerce. Et puis les idéologues extrémistes, qui à l’inverse, instrumentalisent la crèche comme outil identitaire, destiné à marquer leur rejet des autres religions. Ces derniers vont jusqu’à formuler l’exigence de la présence de crèche dans les collectivités territoriales et à s’indigner de son absence.
« Les réseaux sociaux vont tous nous rendre fous ! », lance Pascal Praud. « Ils ont découvert cette chose ahurissante dimanche 27 novembre : la France et l’Europe sont des terres de tradition chrétienne », raille-t-il. « Je précise ‘tradition chrétienne’. Mais sachez que la croix de Valérie Boyer n’est pas catholique, elle est orthodoxe, précisément arménienne« , poursuit-il.
« Valérie Boyer est maire des XIe et XIIe arrondissements de Marseille, où vivent beaucoup de fils et de petit-fils d’Arméniens arrivés en 1915, après le génocide perpétré par la Turquie« , rappelle le journaliste, ajoutant : « Ceci explique cela, et notamment cette croix qu’elle ne quitte jamais ».
« Mais au-delà de cette confusion, cet exemple montre l’hystérisation des débats. Jamais, il y a quinze ans, la croix de Valérie Boyer, catholique ou orthodoxe, serait devenue un sujet », décrypte Pascal Praud. « Il existe des intégristes de la laïcité qui traquent, dénoncent et puniront, qui sait, demain ceux qui affichent leur médaille de baptême », lâche-t-il. « L’intolérance avance, la bêtise galope, et chacun porte sa croix », conclut-il.
Le Conseil d’Etat a donc rendu ses décisions dans les affaires des crèches dans l’espace public. Et, contrairement à ce que l’on peut lire dans la presse, le Conseil d’Etat n’a pas « autorisé les crèches de Noël ». La décision est plus nuancée puisqu’il a cassé la décision de la Cour administrative d’appel de Paris, qui avait considéré qu’une crèche de Noël contrevenait par principe à la neutralité religieuse. Il considère, un peu à l’image de la Rapporteur public qui évoquait un « objet mixte », que la crèche est un objet spécifique :
Une crèche de Noël est une représentation susceptible de revêtir une pluralité de significations. Il s’agit en effet d’une scène qui fait partie de l’iconographie chrétienne et qui, par là, présente un caractère religieux. Mais il s’agit aussi d’un élément faisant partie des décorations et illustrations qui accompagnent traditionnellement, sans signification religieuse particulière, les fêtes de fin d’année.
En marge des valses-hésitations de notre Premier Ministre (sur le mode « non, je n’ai pas dit qu’on pouvait approcher la laïcité de différentes manières ! »), on peut raisonnablement se poser la question de savoir si la laïcité peut et doit s’appliquer pareillement en tous lieux et en tous temps.
Ne peut-on imaginer collectivement et sereinement que le respect d’un principe puisse très bien accepter des applications diversifiées ? Une question d’Esprit et de Lettre sûrement … qui reste difficile à partager dans un environnement qui utilise parfois la République comme une paire d’oeillères.
Le premier ministre Manuel Valls a été accusé d’avoir adouci ces derniers temps, alors qu’il entrerait plus ou moins en campagne présidentielle (cela ne nous regarde pas, enfin, pas encore !), sa position sur la laïcité. Il a redit ses convictions devant des militants pro-laïcité lors de la remise des « prix de la laïcité » par le Comité laïcité République. Il explicitait ainsi ses derniers propos sur l’affaire du burkini et sur l’islam.
J’ai le plus grand respect et la plus grande considération pour la religion et la culture musulmanes. Et parce que je la respecte, je la soumets aux mêmes exigences que toutes les autres religions. Je veux qu’elle brille au cœur de la République, c’est-à-dire qu’elle sache aussi se débarrasser du poison salafiste qui la mine. Et l’Etat est là pour accompagner les Français musulmans dans ce combat.
Au Québec, le projet de loi 62, portant sur la neutralité religieuse de l’État, est défendu par le gouvernement libéral. Le terme « laïcité« n’apparaît nulle part dans le texte du projet de loi 62. Ses rédacteurs ont plutôt utilisé l’expression « neutralité religieuse de l’État. » Les premiers mots du texte législatif qui sera débattu jusqu’au 9 novembre posent comme objet l’établissement de mesures visant à favoriser la neutralité religieuse de l’Etat le respect. « À cette fin, elle impose notamment aux membres du personnel des organismes publics le devoir de neutralité religieuse dans l’exercice de leurs fonctions. »
Les évêques du Québec ont été reçus en commission pour expliquer leur position, axée sur la signification et la raison d’être de la neutralité religieuse de l’État, la liberté de conscience et de religion, et la valeur du pluralisme québécois actuel.
C’est le Père Louis-Marie Guitton, prêtre dans le diocèse de Fréjus-Toulon (Var) et responsable de l’Observatoire socio-politique du diocèse, qui le souligne et qui rappelle entre autres que :
Pour nous, Noël est un temps de paix, donc il n’y a pas lieu d’entrer dans des guerres inutiles. C’est toujours sain qu’il y ait un débat, mais ces histoires de crèche installées dans les mairies ne sont pas une priorité aujourd’hui.Je préfère rappeler que l’histoire que raconte la crèche est dramatique au départ : ce sont des gens qui n’ont pas trouvé à être hébergés, un couple qui cherche une maison. Ca peut nous ramener à l’actualité, non ? La crèche est tout le contraire d’un signe de fermeture.
L’Observatoire Sociopolitique (OSP) du diocèse de Fréjus-Toulon organise le 21 octobre une soirée débat à Toulon sur le thème : « Chrétiens et Musulmans dans la République : l’indispensable dialogue ». Deux religieux et deux élues dialogueront sur l’engagement politique, la conception de notre place dans la République, la laïcité et l’action dans la cité. Soirée débat animée par Eugénie Bastié, journaliste au Figaro, avec :
Hayette Hamidi, avocate, fondatrice du think tank France Fière, élue LR au Blanc-Mesnil, Sens Commun
Abbé Fabrice Loiseau, fondateur des Missionnaires de la Miséricorde
Marie-Hélène Charles, Conseillère municipale de La Garde
Michel Deneken, théologien et prêtre, est candidat à la présidence de l’université de Strasbourg, ce qui suscite localement quelques remous. Le conseil d’administration élira le nouveau président le 13 décembre.